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LES VŒUX 2005

 

DISCOURS de Jean GLAVANY POUR LES VŒUX 2005 MAUBOURGUET - Vendredi 21 JANVIER 2005

Chers Amis,

Je ne peux pas commencer ce traditionnel exercice de vœux sans revenir, chacun le comprendra, sur l’épouvantable tragédie qui a frappé le monde et, en particulier, l’Asie du Sud-Est il y a moins d’un mois : le TSUNAMI, ce raz-de-marée provoqué par un tremblement de terre sous-marin.

Mais je ne veux pas le faire d’une façon incantatoire ni sur le mode de la compassion. Sur ce registre, tout a été dit. Ce qui me paraît important pour nous, citoyens du monde, c’est de prendre un peu de distance avec cet évènement et d’en tirer les leçons.

Les leçons du TSUNAMI. Quelles sont-elles ?

1.- La première leçon tient à notre rapport au risque.

La vie est un risque. Un risque systématiquement mortel d’ailleurs. Le monde dans lequel nous vivons est un risque aussi. La nature est violente : tremblements de terre, inondations, vagues de froid, orages foudroyants, tempêtes dévastatrices....l’histoire du monde, de l’Europe, de notre pays, la France, ou de notre région a été dramatiquement ponctuée des malheurs des catastrophes naturelles.

Le progrès aussi est un risque : Longtemps, on a vécu dans le mythe du bonheur apporté par le progrès scientifique et technique. Au 19ème siècle, les républicains développaient une sorte de « religion du progrès ». Relisez Zola et la fameuse tirade du Docteur Pascal !

Et puis, on a découvert que le progrès engendrait des risques. Que la physique nucléaire engendrait Hiroshima. Que la thérapie génique engendrait l’eugénisme, c’est-à-dire l’épouvantable tentation de procéder à une sorte de présélection raciale.... Que les manipulations génétiques donneraient à des multinationales, via les OGM, le pouvoir monopolistique de nourrir le monde...

J’arrête là : la vie est un risque ; le monde dans lequel nous vivons est truffé de risques, le progrès après lequel nous courons sans toujours le maîtriser est un risque. Pourquoi faut-il des catastrophes pour nous le rappeler ?

2.- Deuxième leçon : comment réagissent nos sociétés face à ces risques ?

Elles se protègent... Elles tentent de se protéger de plus en plus. Car nos concitoyens expriment un fort, un très fort besoin de protection...

C’est d’ailleurs comme cela qu’est né le principe de précaution dans notre droit comme dans notre pratique politique. Un principe de précaution qui n’est et qui ne devrait être qu’un principe de gestion du risque et qui ne dit pas « dans le doute abstiens-toi » mais qui dit « face au risque, gère le risque ». Mais un principe que certains, hélas, vont jusqu’à en faire le BA-BA de l’action publique : comme si le « risque zéro » pouvait exister ! Comme si il pouvait y avoir une croisade du bien contre le mal que représente le risque.

Deuxième leçon du TSUNAMI : si le monde est risque, notre devoir est de gérer ce risque, mais de le gérer lucidement. 3.- C’est pourquoi, troisième leçon, je pose la question : et l’éducation au risque ? Si je la pose c’est que je suis convaincu que, là encore, là toujours, tout commence par l’éducation.

J’ai vécu, il y a quelques années, comme Ministre de l’Agriculture, la dramatique crise de la vache folle. Le principe de précaution, je l’ai appliqué, justement, comme un principe de gestion et non pas comme une croisade du bien contre le mal...

Mais cette crise, avec de la distance, on doit la remettre à sa vraie place : 8 morts en France en 10 ans. C’est beaucoup, c’est trop. Mais l’alcool, le tabac ? Mais la sécurité routière ? Au total des trois, des dizaines de milliers de morts chaque année dans notre pays.

Je raconte souvent cette anecdote de la mère de famille qui, en pleine crise de l’ESB, rentre furibonde dans l’école en clamant « je ne veux plus que mon fils mange du bœuf à la cantine »... Puis elle sort, monte dans sa voiture, installe son enfant à l’avant, oublie de mettre sa ceinture et allume une cigarette. Ce faisant elle va faire prendre à son enfant infiniment plus de risques que s’il avait mangé du bœuf....

Quand je vois des parents partir avec leurs enfants en montagne ou en mer sans le moindre matériel de sécurité ou d’orientation, sans rien pour faire face à une dégradation de la météo, je me dis que l’éducation au risque a bien du chemin à faire....

D’ailleurs, toujours dans l’éducation au risque, je suggèrerais volontiers au Gouvernement de la République d’étudier vite et bien ce que pourraient être les conséquences d’un TSUNAMI en Méditerranée, en Atlantique ou dans les Antilles françaises.

L’éducation au risque, troisième leçon...

4.- Quatrième leçon : après ce drame du TUSNAMI, revenons sur son bilan. 170 à 200 000 morts ?

On ne sait plus car on ne compte plus. Mais pendant ce temps : Le sida : c’est 10 000 morts par jour, ça fait plus de 3,5 millions de morts chaque année dans le monde. La tuberculose, 2 millions de morts par an, le paludisme, encore un peu plus de 1 million de morts par an.... Ces grandes pandémies montrent que la planète vit une sorte de génocide parce que l’organisation des nations du monde n’est pas à la hauteur de la tâche. La quatrième leçon du TSUNAMI, c’est qu’une conscience internationale ne doit pas se rendormir après le drame, et qu’il n’y a pas de hiérarchie des morts du monde.

5.- Alors, un grand élan de générosité s’est levé, à travers le monde et il nous permet d’aborder la cinquième leçon.

On a cité les chiffres mirobolants de cette générosité mondiale : 5 à 10 milliards de dollars.

Mais sait-on l’Oncle Sam dépense 4 milliards de dollars par mois, 130 millions par jour, soit environ 1 500 dollars toutes les secondes, pour le maintien de ses troupes en Irak ? L’équipe Bush comptait sur les recettes pétrolières irakiennes pour financer la reconstruction du pays. Las, elles sont nettement moins importantes que prévu. Georges Bush a donc demandé au Congrès une rallonge de 87 milliards de dollars....ce qui pourrait pousser le déficit budgétaire à 6% du PIB l’an prochain. Du jamais vu depuis 1982.

La cinquième leçon du TSUNAMI, c’est que le monde sera juste quand il dépensera plus pour panser ses plaies que pour en ouvrir de nouvelles....

6.- Voilà, Chers Amis, les 5 leçons que je tire du TSUNAMI. On peut en imaginer d’autres car il y en a sûrement d’autres. Mais il me semblait qu’au moment où nous nous retrouvons pour tirer le bilan d’une année et ouvrir les perspectives, il nous faut désormais tourner notre regard vers l’avenir et vers cette année 2005 qui s’ouvre.

Je forme des vœux

-   Pour Maubourguet afin que, sous l’autorité de mon ami Jean GUILHAS et de son équipe municipale dévouée et efficace, cette belle commune continue à s’équiper, à s’embellir et à se développer pour que ses habitants bénéficient d’une qualité de vie encore meilleure
-   Pour le Val d’Adour afin que le pays que nous avons constitué tous ensemble franchisse cette année une étape concrète et utile à nos concitoyens, notamment par la signature d’une convention sérieuse et crédible avec la Poste pour un beau service public postal dans notre territoire rural....
-   Pour que l’agglomération tarbaise, si proche d’ici, sache panser les plaies du drame de GIAT et se tourner délibérément vers l’avenir et la modernité
-   Pour les Hautes-Pyrénées et pour Midi-Pyrénées afin que notre département et notre région arrivent à surmonter les affres d’une décentralisation qui apparaît de plus en plus comme une décentralisation des déficits de l’Etat
-   Pour notre pays, la France, afin qu’il progresse le moins possible sur le chemin des injustices et les inégalités et pour qu’il emprunte le plus vite possible le chemin inverse...
-   Pour l’Europe afin qu’elle connaisse un vrai, un beau et un grand débat démocratique sur le projet de traité européen qui, bien qu’imparfait, contient de vraies avancées démocratiques
-   Pour le monde dans lequel nous vivons pour qu’il trouve le chemin de la paix partout où les conflits, la violence, la haine s’expriment, au Moyen Orient notamment, où la disparition de Yasser ARAFAT, l’élection démocratique d’un nouveau Président palestinien, Mahmoud ABBAS, la constitution d’un gouvernement d’union nationale en Israël, et, semble-t-il, une inflexion de la politique américaine, semblent ouvrir une perspective.
-   Je forme des vœux pour vous tous, pour nous, vos familles, vos proches, des vœux de santé, de prospérité, de bonheur et d’amour.

   
   
         
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