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Des primaires au PS ?

 

Interview de Jean Glavany dans le quotidien « La Provence »- Propos recueillis par Hervé Vaudoit - « Les primaires au PS ? » Le 22 juin 2009

-  Une partie de vos amis pensent qu’une primaire à l’américaine, c’est ce qui manque au PS - voire à toute la gauche - pour désigner un candidat capable de battre Sarkozy en 2012. Et vous ?

Jean Glavany : Je suis très dubitatif. Si le débat, c’est la participation de personnes extérieures au PS, comment expliquer aux militants qu’ils n’auront pas plus de droit que n’importe qui pour désigner leur candidat ? S’il s’agit d’une démarche de rassemblement pour un candidat unique, encore faut-il que les autres formations de gauche en veuillent, ce qui n’est manifestement pas le cas. En France, c’est traditionnellement le 1er tour de la présidentielle qui sert de primaire.

-  Au risque d’une dispersion préjudiciable face à un candidat qui incarne toute la droite ?

J.G. : L’histoire a montré que les primaires n’étaient pas une nécessité absolue pour la gauche, même si le PS a pour habitude de désigner ses candidats à toutes les élections par un vote des militants. Rappelons-nous que Mitterrand n’était pas le candidat unique de la gauche au 1er tour en 1981 et en 1988. Ce sont pourtant les deux seules présidentielles gagnées par la gauche dans toute l’histoire de la V e République. Le mauvais état de la gauche n’est pas dû au fait qu’elle n’a pas recours à des primaires pour désigner son candidat. Mais à l’absence d’idées, de projet, de ligne et de stratégie politique. Je suis ahuri que certains, au PS, puissent penser que ce problème politique sera résolu par une primaire. Je ne crois pas aux miracles et encore moins aux recettes miracles.

-  Même si elle n’est pas miracle, quelle est votre recette préférée ?

J.G. : Nous ne combattrons pas le bonapartisme de Sarkozy en l’imitant, en jouant l’envahissement médiatique pour masquer l’absence de projet, mais en travaillant sur le fond pour offrir une alternative solide à sa politique d’affichage. Plutôt qu’une primaire, ce dont a surtout besoin la gauche, c’est d’un programme de gouvernement autour d’une plateforme commune.

-  Ça ne nous dit toujours pas quel processus de désignation vous paraît le plus indiqué ?

J.G. : Le système qui nous permettra d’incarner une ligne politique différente et de redonner espoir à la gauche. Je ne crois pas que cela passe forcément par une primaire, même je n’y suis pas hostile par principe. Ce n’est pas la procédure mais le projet politique qui permettra au PS de se remettre en ordre de marche. Dans la culture politique qui est la mienne, c’est plutôt le premier secrétaire qui devrait porter les couleurs du PS à la présidentielle, même si ça n’a plus été le cas depuis 1981. Je n’en fais pas une affaire politique, mais c’est peut-être une raison supplémentaire pour y revenir.

-  Ce n’est visiblement pas le point de vue de Manuel Valls et Pierre Moscovoci, qui poussent déjà leur pion ?

J.G. : C’est vrai qu’en ce moment, des candidats, on en a plutôt trop que pas assez. Mais qu’ils se méfient : la valse des égos, ça peut se terminer au tout à l’égo.

   
   
         
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