La Laïcité, mon engagement  
 

 

   
Laïcité : Encore un effort Monsieur Le Président

Lettre au Président de la Répubique

 

Laïcité : Encore un effort Monsieur Le Président

Monsieur le Président de la République,

Lors de votre discours devant le Congrès de Versailles il y a quelques semaines, vous avez affirmé que vous ne « réemploieriez pas le terme de laïcité positive » et j’ai réagi spontanément en criant dans l’hémicycle « tant mieux ! ». Je crois, en effet, profondément que le Président que vous êtes d’une République, la République française qui, dans l’article 1 de sa Constitution se proclame « laïque », s’est égaré à plusieurs reprises depuis 2007. Vos discours de Latran, Ryad et Constantine ont marqué une rupture, sans nul doute dommageable celle-là, avec une tradition républicaine que vous êtes pourtant sensé protéger. Si vous rompez avec cette rupture, je le répète : « tant mieux »

Mais tout ne me semble pas encore très clair dans votre esprit sur ce sujet :à Versailles, vous avez ajouté « Mais je reste ferme, sur l’idée que la laïcité, ce n’est pas le refus de toutes les religions, ce n’est pas le rejet du sentiment religieux. »

Permettez-moi de vous dire, aussi respectueusement que possible, que cette thèse que vous martelez depuis des années fait fi de l’histoire et, en particulier, des conditions dans lesquelles la République a « accouché » de la loi de 1905. Vous continuez à présenter cette loi comme une loi anticléricale, mais elle ne l’était pas ! Relisez les travaux préparatoires de cette loi : les anticléricaux, avec Combes, souhaitaient faire de cette loi ce que vous dénoncez mais ils ont été battus par ceux qui, avec Briand et Jaurès, défendaient une laïcité de rassemblement républicain. Pourquoi revenir sur cet épisode ? Pour enfoncer une porte ouverte ? Ce n’est pas votre genre Quand je m’interroge, je m’inquiète.

Et puis, toujours à Versailles, à propos du port de la BURQA, vous affirmez : « Le problème de la burqa n’est pas un problème religieux. C’est un problème de liberté et de dignité de la femme ». Mais les deux Monsieur le Président ! C’est, vous avez raison, un problème de droit et de dignité de la femme. Mais au nom de quoi portent-elles ou leur fait-on porter la burqa ? Au nom de l’amour du sport ou de la passion de la musique classique ? NON ! Au nom, non pas d’une religion, mais d’une certaine conception religieuse. D’une conception intégriste, fondamentaliste.

Comme le disait excellemment le philosophe Abdennour BIDAR devant la Mission d’information parlementaire ces jours-ci, « ce serait trop facile au football de dire que le hooliganisme ne le concerne pas, au cyclisme que le dopage n’a rien à voir lui... et ce serait trop facile à l’Islam de dire que sa dérive sectaire, celle que Gilles KEPEL appelle le « salafisme cheikiste », ne le concerne pas »...

Et, ajoute Abdennour BIDAR, « il serait trop facile pour une religion - j’ajoute : celle-ci ou une autre ! - que de déclarer qu’elle n’est pas concernée par ses propres égarements, à chaque fois qu’elle sombre dans tel ou tel de ses excès récurrents, l’obscurantisme ou la violence par exemple ».

Il ne s’agit pas de stigmatiser quelque religion que ce soit car dans toutes les religions, l’Islam comme les autres, l’immense majorité des croyants sont aussi laïques au sens où ils acceptent que les lois de la République se placent au-dessus de leurs engagements privés, tandis qu’une minorité d’intégristes et de fondamentalistes ne l’acceptent pas et défient les lois de la République. Il s’agit d’y voir clair pour mieux affronter les problèmes.

Voilà, Monsieur le Président. Si vous avez opéré un virage à Versailles sur ce sujet si essentiel, tant mieux. Mais, s’il vous plait, allez au bout de cette nécessaire révision de votre doctrine : le modèle républicain s’en portera mieux.

Jean Glavany. Le 16 juillet 2009

   
   
         
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