Lionel Jospin président de la commission sur la moralisation et la rénovation de la vie politique.

Glavany : "Jospin est heureux d’aider son ami Hollande"

INTERVIEW - L’ancien ministre Jean Glavany, qui fut directeur de campagne de Lionel Jospin en 2002, revient pour leJDD.fr sur le retour politique de l’ancien Premier ministre. Ce dernier s’est vu confié la présidence d’une commission sur la moralisation et la rénovation de la vie politique.

Vous réjouissez-vous du retour de Lionel Jospin ? Que le chef de l’Etat fasse appel à son expérience, en termes de propositions, me paraît intelligent. C’est quelqu’un qui a, à la fois suffisamment d’expérience et de sens de l’Etat, pour être utile à la gauche et à la République de manière générale. Et ça reste d’autre part un militant, avec ses convictions. Donc oui, je m’en réjouis.

Sa nouvelle attribution n’a-t-elle rien d’inattendue pour vous ? Il a pris sa retraite de la vie politique active donc il était forcément à l’écart du jeu politique. Mais en même temps, chacun sait qu’il était présent. Je l’ai croisé dans plusieurs meetings durant la campagne présidentielle. Il est allé soutenir plusieurs candidats aux élections législatives, notamment la ministre Marie-Arlette Carlotti dans les Bouches-du-Rhône.

Avez-vous senti chez lui une réelle envie de revenir dans le débat politique ? Non. Il a dit qu’il sortait de la vie politique. Et quand Lionel dit quelque chose, il le fait. Il s’agit là non pas d’un retour dans la vie politique mais de la contribution d’un intellectuel qui va aider l’exécutif.

« Hollande est convaincu que Jospin peut être utile » Peut-on y voir une sorte de revanche après sa défaite en 2002 ? D’abord, la revanche ne fait pas avancer les choses. Et en plus, il l’a dit lui-même : c’est l’élection de François Hollande qui a clos le chapitre douloureux de 2002.

Lionel Jospin va donc présider une commission sur la rénovation et la déontologie de la vie politique. A-t-il selon vous le bon profil pour ce poste ? Non seulement il a de l’expérience mais il a déjà un vécu en la matière qui crédibilise à l’avance ses propositions. Il avait œuvré à une première étape non-négligeable dans la limitation du non-cumul des mandats puisque les parlementaires n’ont droit qu’à un autre mandat local. C’est Jospin qui l’avait voulu (en 1995, Ndlr). C’est aussi celui qui avait mis en place le début de la parité. Et c’est encore celui qui avait mis un terme à la pratique des fonds secrets donc il n’est pas mal placé pour réfléchir aux confusions entre l’argent et les politiques.

Y voyez-vous là une manière pour François Hollande d’honorer son ancien mentor ? Etre président d’une commission qui va travailler quelques mois n’est pas un honneur plus grand que celui d’être Premier ministre pendant cinq ans. Il y a chez François Hollande la conviction que Lionel Jospin peut être par son expérience utile à la République. Il se dit que ça serait idiot que de se passer de cette capacité de réflexion.

Il est déjà reproché à Lionel Jospin de ne pas vraiment incarner la "modernisation" de la vie politique... Il y a des gens de 75 ans qui sont plus jeunes dans leur tête que des jeunes de 30 ans ! Il ne s’agit pas pour lui d’incarner la modernisation de la vie politique mais d’animer une réflexion et de faire des propositions, ça n’est pas du tout la même chose.

Cette tâche peut-elle selon vous l’exalter ? Je pense qu’il est doublement heureux de servir la République et d’aider son ami Hollande à réussir.